Dans certaines conditions extrêmes, lorsque le globe oculaire ne peut être conservé, votre chirurgien peut proposer une énucléation ou une éviscération qui permettront de soigner la pathologie, tout en offrant des possibilités d'appareillage prothétique optimales.
L’énucléation consiste à l’ablation chirurgicale du globe oculaire. Elle est réalisée dans le cadre d’une pathologie tumorale maligne du globe qui ne peut être traitée autrement, ou encore lorsqu’un oeil non-voyant dégénère, évoluant vers l’atrophie (perte du volume inesthétique) et source d’importantes douleurs.
L’éviscération consiste à l’ablation chirurgicale du contenu du globe oculaire, tout en conservant son enveloppe, la sclère (partie blanche visible). Elle peut être proposée en alternative à l’énucléation en l’absence de pathologie maligne, lorsque que le volume oculaire est suffisamment important.
Le globe oculaire est dans tous les cas remplacé par un implant qui permet l’adaptation d’une prothèse oculaire sur mesure, à l’image de l’oeil restant.
Une consultation spécialisée avec votre chirurgien est nécessaire pour évaluer la douleur, le volume du globe, la position des paupières. Il élimine d’éventuelles contre-indications au traitement. Il prend le temps de vous informer sur le déroulement de l’intervention, en explicitant les rares complications potentielles.
Un rendez-vous est organisé auprès d’un oculariste directement à son cabinet pour discuter du projet de réhabilitation prothétique de l’oeil en post-opératoire. Par ailleurs, en prévision de l’intervention à venir, un gabarit sur mesure (prothèse oculaire provisoire calqué sur l’oeil restant) pourra être réalisé et mis en place directement à la fin de l’intervention pour faciliter immédiatement le retour à une vie sociale normale.
L’énucléation ou l’éviscération sont réalisées sous anesthésie générale, dans le cadre d’une hospitalisation conventionnelle de courte durée.
Le globe oculaire ou son contenu sont enlevés et remplacés par un implant sphérique en matériau bio-colonisable (hydroxy-apathite), ou par un greffon derme-lipidique prélevé au niveau abdominal. Les muscles moteurs de l’oeil sont réinsérés sur l’implant pour transmettre le mouvement.
Dans certains cas, un greffon de muqueuse buccale ou un prélèvement ligamentaire au niveau de la cuisse peuvent être nécessaire pour recouvrir l’implant.
Les tissus recouvrant l’oeil (capsule de Ténon et conjonctive) sont suturés en avant de l’implant par des points résorbables qui s’en vont seuls en 2 à 4 semaines.
Un gabarit est mis en place entre les paupières pour préparer l’espace nécessaire à la prothèse oculaire à venir pendant la phase de cicatrisation. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un gabarit réalisé sur mesure, calqué sur votre oeil restant, pour permettre un retour immédiat à une vie sociale normale.
Une semaine de repos est recommandée dans les suites de l’intervention. La reprise de la vie sociale et professionnelle peut se faire rapidement au décours.
Les suites opératoires sont peu douloureuses, bien calmées par la prise d’antalgiques classiques. Les douleurs durent en moyenne 3 à 4 jours, mais ne sont pas comparables au douleurs oculaires pré-opératoire.
Aucune cicatrice n’est visible. On retrouve fréquemment un gonflement (ou « œdème ») des paupières, ainsi que des bleus (ou « ecchymoses ») qui évoluent pendant 2 semaines, au niveau de l’angle interne de l’oeil.
Une fois les tissus cicatrisés, une prothèse oculaire provisoire pourra être confectionnée et mise en place par votre oculariste. Cette étape intervient 2 à 4 semaine après l’intervention.
Cette prothèse sera gardée en place pendant quelques mois avant de la remplacer par une prothèse oculaire définitive, plus adaptée à la stabilisation des tissus orbitaires.
Le résultat fonctionnel est apprécié à 6 mois.
Dans tous les cas, des consultation de contrôle sont nécessaires 1 semaine après l’opération, puis à 1 mois, 3 mois et 6 mois, puis tous les ans. Elle permettent de s’assurer de l’absence de complication. Chez certains patients, des interventions supplémentaires peuvent s’avérer nécessaires afin d’améliorer la conformation de l’orbite et des paupières à la prothèse.
La prothèse oculaire définitive sera entretenue par votre oculariste à son cabinet tous les 6 mois, et pourra être renouvelée tous les 5 ans.
Les complications sont rares. Néanmoins comme pour tout acte médical ou chirurgical, il existe une part de risque et d’aléa dont le patient doit être informé avant de prendre la décision d’une opération.
Bien que les muscles responsables du mouvement de l’oeil soient réinsérés, la prothèse oculaire ne peut en aucun cas être aussi mobile qu’un œil en raison de sa rigidité. Ceci ne constitue pas une complication ni un échec en soi.
Les rares complications post-opératoires peuvent être un saignement, une infection, un lâchage de la cicatrice, ou encore une expulsion de l’implant.
Dans le cadre du suivi au long cours, on cherchera à éliminer une déhiscence conjonctivale avec exposition de l’implant, une atrophie de la graisse de l’orbite donnant un aspect d’œil creux, une chute de la paupière supérieure ou inférieure ou une modification des cul-de-sacs conjonctivaux. Ces complications peuvent donner lieu à des interventions supplémentaires.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la fiche d’information de la Société Française d’Ophtalmologie en cliquant ici
Cette fiche d’information ne remplace pas une consultation médicale.
N’hésitez pas à poser toutes vos questions directement à votre chirurgien.